Un
aimant à critiques
La
question
d'un possible canular traverse beaucoup de recensions du Manifeste,
percevant pour beaucoup des messages cryptés dans le texte,
plusieurs niveaux de lectures et pour certains la possibilité d'une
entourloupe, a minima un livre anticipant tout geste critique à son
égard. En fait d'anticiper la critique, le livre paraît délibérément
conçu pour la susciter, très précisément dans une direction donnée.
Il n'y a pas besoin d'ouvrir le Manifeste conspirationniste pour le
critiquer, dans la mesure où il est déjà tissé de messages et
d'incitations avant même d'avoir un contenu : son éditeur, son
anonymat, son titre, sa couleur, sa phrase en quatrième de
couverture.
Le
Seuil,
maison d'édition prestigieuse, passage d'une ligne symbolique et
régionale avec les chars de ploucs du complotisme se déversant d'un
coup sur Paris ; l'anonymat, ou l'irresponsabilité ajoutée à la
faute originelle ; le titre, uniquement destiné à provoquer, et
à mixer des termes consacrés de gauche avec des termes honnis ;
la couleur uniforme, évidemment chargée de précédents ; la phrase de
4e de couverture, destinée à flatter ceux qui captent une ref. de
faux initiés (à l'Etat profond), soit l'indice le plus évident que
le livre se fout du monde.
Pourquoi un tel coup? D'abord pour
s'amuser de la prévisibilité et de la crédulité des réactions,
soupeser expérimentalement la diffusion réussie et digérée d'un
discours de rejet du complotisme, c'est à dire la pénétration même
chez des intellectuels d'un type de discours « anticonspi »,
poussif, devenu contre-productif à l'usage et avec le temps. Premier
objectif rempli : les réactions n'ont eu de cesse de scander
l'illégitimité et le caractère déviant d'un tel discours. Plus encore,
la critique s'est concentrée sur la
recherche éperdue et rageuse d'un ou plusieurs auteurs, comme un
livre avant tout commis, avant tout par des coupables ; une
recherche où se joue en plus entre tous les critiques la mise en
scène des réseaux et connaissance de chacun (« je le sais de
source sûre »).
Cette
recherche masque toutefois une autre absence d'enquête,
celle sur la possibilité d'un coup monté - la possibilité même que ce
livre soit un complot. Le livre pourrait bien être un terrible test
expérimental pour montrer à quel point le complot ne fait même plus
partie de l'univers du possible politique (ce qu'il avance précisément
dans ses pages). Inciter les critiques à se déchaîner sur ce qui a été
conçu comme un piège serait une version modernisée particulièrement
perverse du poussif « parfois il y a quand même de vrais
complots », une contre-leçon de piège tendu à des anticonspis
ayant parfois créé de toute pièce une théorie en espérant la voir
circuler (ce qui n'a jamais fonctionné à leur grand désarroi). Le
temps que passe le livre à critiquer « l'anticomplotisme »
laisse penser à quel point celui-ci est justement un des ennemis qu'un
canular pourrait viser.
Un
pastiche du complotisme
Rien n'est à sauver ensuite dans
ce livre. A un tel point que l'ampleur du ratage d'un tel texte
devrait au fond étonner, encore plus au vu de ses auteurs supposés –
il est facile de sentir que le plaisir critique de descendre des
auteurs arrogants et hautains depuis des années, prétendant tout
réinventer sans jamais lire les copains, ou l'autre plaisir de les
savoir enfin grillés, intellectuellement inaptes, est passé avant la
prudence pourtant nécessaire avec un tel adversaire. Là encore, avant
même le propos spécifiquement complotiste, autre chose joue : un
choc esthétique. Comment est-il possible d'aussi mal écrire à
l'extrême-gauche ? Qui a osé toucher aux traditions
littéraires ?
Les phrases courtes et sentencieuses, les
énumérations sans fin, les anaphores lourdes, le fait de sauter du coq
à l'âne, l'exemplification omniprésente - la proximité avec l'écriture
de Don Quichotte cheap de Juan Branco est bien plus flagrante qu'avec
les écrits du comité invisible, au ton très différent, et à la plume
sensiblement plus fine. Une distance évidente sur un premier
élément : le livre est d'emblée conçu comme une suite de
catchphrases tweetables et faciles à traduire, au rythme haché, avec
fréquents retour à la ligne. Le livre hoquette, mais tronçonné de
cette manière, il suit logiquement une jolie carrière en ce moment sur
ce réseau et en plusieurs langues. Ensuite, un second aspect devrait
faire tiquer : le fait de citer ad hominem page après page, dans
une vision où l'ennemi n'est plus un système mais un ensemble
d'institutions, lieux, et individus, jusqu'au haut-fonctionnaire de la
santé – en comparaison aucun nom propre n'était visible dans
« l'insurrection qui vient ».
Rien à sauver, et c'est voulu. La joie des
auteurs à compter ceux qui lisent et adhérent, trouvent l'ensemble
intéressant et n'y voient que du feu doit être intense. Car ce livre
est probablement avant tout un immense pastiche d'une supposée
rhétorique du complotisme, truffé de reprises de forme comme de fond,
comme un exercice littéraire pervers fait par des gens qui savent
toujours écrire ; lesté de balistique politique à un moment
charnière en France par des gens qui connaissent les équilibres
actuels. Le Manifeste reprend à l'envers tout ce qu'on dit être le
complotisme – y compris l'écriture balourde, et à part peut-être
l'écriture en majuscule, la ponctuation hasardeuse et les fautes
d'orthographe – comme une forme de lecture active de la série sans fin
d'écrits prétendant saisir la « rhétorique » et le style
complotiste, ou le résultat d'une plongée dans la
« complosphère », marronnier de plus en plus usé.
Mais le caractère de pastiche semble
d'autant plus avéré en réalité que rien, strictement rien, dans le
contenu du livre n'a la moindre originalité du point de vue
complotiste : il superpose des discours déjà vus, et plus encore
reprend des exemples déjà débunkés depuis longtemps. Rien ne change à
la liste des coupables (on retrouve Bill Gates), ni aux événements (on
retrouve « l'event 201 »). Le pastiche est donc inachevé,
avec un goût de plagiat du complotisme : à se fier à ce qu'est
déjà le complotisme de manière scolaire et appliquée plutôt qu'à lui
même couper les pixels en quatre, et faute de prendre au sérieux sa
propre idée qu'il y aurait une pensée complotiste, le livre se
condamne à avoir un temps de retard. Lorsqu'il annonce au début du
manuscrit qu'il fera l'économie des notes de bas de page, il faut bien
comprendre qu'il se dédouane d'un pillage, celui des écrits
complotistes approchés pour être copiés, méprisés au fond, et dont on
entend juste faire un usage stratégique.
Le titre du livre intriguait pourtant, l'annonce d'une défense du
conspirationnisme comme un mode de pensée était audacieuse, c'était
une amorce subversive et la possibilité d'un tour de force
intellectuel ; or plutôt qu'engager une réflexion méta sur le
complotisme, le Manifeste s'avère être une théorie du complot parmi
d'autres, et sans rien de plus que les autres. C'est la plus grande
trahison (ou stratégie?) de ce livre que de ne même pas être capable
de s'en tenir à son projet annoncé. A la place, le manifeste superpose
sans articuler : du complotisme d'une part, du remix covid
d'idées qui gravitent à gauche depuis un bon moment de l'autre - ce
vitalisme final par exemple, omniprésent chez Damasio depuis longtemps
dans une forme littéraire.
Le livre est bi-goût parce qu'il a
deux objectifs privilégiés : parler à une extrême
gauche
qui explore l'hypothèse de mobiliser les masses par le complotisme
depuis les gilets jaunes, et – c'est moins connu – parler à des
complotistes qui n'ont eu de cesse depuis deux ans de renverser le
stigmate pour clamer au « génie du complotisme ». Cette
revendication de connaître le complotisme de l'intérieur est
visible dès l'intro, posant combien « le
débat
n’est pas entre conspirationnisme et anticonspirationnisme, mais à
l’intérieur du conspirationnisme ».
Quel
serait l'objectif? Probablement permettre de créer les conditions
d'une rencontre et laisser un chemin retour d'ouvert à gauche pour
les lassés du complotisme, en excitant au passage, par le format
mystérieux et l'anonymat, la propension supposée de ces derniers à
« faire leurs recherches » (terme fourre-tout que le
livre s'approprie aussi). La couleur du livre pourrait autant être
une référence aux « livres jaunes » d'un de ces
théoriciens graphomanes conspirationnistes qu'au manifeste du
parti communiste ou au petit livre rouge, l'anonymat pourrait
rappeler celui de Q, du mouvement Qanon, etc. Tout le système de
signes destiné à exaspérer les amis a facilement son pendant
explicatif complotiste, et le fait qu'ils soient particulièrement
concentrés au début du livre pour s'en éloigner ensuite peut
apparaître comme la traduction écrite d'une stratégie de
glissement, du complotisme à une pensée critique légitime.
Un précis de balistique politico-littéraire
Pourquoi
un tel calcul ? Au delà de l'idée qu'on est complotiste par
aveuglement ou croyance, le complotisme peut s'entendre comme un
pari politique conscient par ceux qui le font – une manière de jouer
avec le feu de deux manières. Premièrement en couvrant un maximum
d'événement avec une interprétation complotiste à chaque fois, pour
attendre d'avoir raison ne serait-ce que sur une chose et renverser
ensuite la table ; hypothèse d'un tirage statistique où il
finira bien par y avoir une anomalie (probablement l'hypothèse
initiale d'un Meyssan ou d'un Soral) et désormais une faute des
anticonspis et des cellule fake news. Une stratégie que le livre
adopte partiellement en multipliant les exemples. Deuxième
stratégie, se draper dans des clichés du complotisme pour se
rapprocher ou séduire des électeurs ou des militants potentiels, et
donc parier sur le glissement naturel de l'idée à la substance, où complotiste
ne désignerait par
pour rien à la fois un type de discours et de personnes – bref faire
complotisme pour faire peuple.
En ce sens, le
manifeste conspirationniste tente la même chose que Florian Philippot
de l'autre côté de l'espace politique au même moment, mais surtout
quelques années avant lui Soral et Asselineau (dont les échecs n'ont
pas été assez médités) : une opération de transmutation de l'or
complotiste, cette masse apparemment grossissante d'année en année,
dont chacun cherche la clé et plusieurs prétendent tenir les rênes -
comme Raoult lors de la visite du chef de l'Etat à Marseille, quand il
sous-entend qu'il pourrait « ne pas tenir » les antivax, et
oblige à ce mot de Macron sur son caractère de « grand
scientifique ». Le complotisme - dans toutes ses variantes
antivax, etc - est devenue une matière molle à matérialiser dans un
sens politique où l'autre, militants ou électeurs, dont il faut aussi
se méfier, et dont on peut toujours jouer sur le caractère
fondamentalement flou pour sous ou surévaluer sa réalité quand le
besoin se présente.
Le
manifeste tente cependant une chose supplémentaire : faire du
complotisme mixé avec des auteurs de qualité pour mieux les
introduire aux lecteurs – une idée pas si stupide si l'on tient
compte d'une part de l'idée qu'ils seraient de plus en plus
nombreux, d'autre part qu'ils ne seraient pas tous des croyants
acharnés - le nombre croissant d'articles mettant en scène des repentis
du complotisme le
montre par exemple par l'absurde, à travers tous ces cas qui une
fois mis en série deviennent une antiphrase géante, précisément
parce qu'il y en a trop. Trop nombreux à le dire, toutes celles et
ceux qui expliquent leur addiction/croyance passée montrent
paradoxalement qu'on se sort du complotisme ; par extension
qu'il n'est pas stratégiquement absurde de les attendre à la sortie.
Mais premier problème, tous les faits
cités dans le livre sont déjà caduques à l'impression, aucun n'est
encore un point d'interrogation, le livre est tourné vers le passé et
n'aura jamais raison avec le temps. Il est faux de dire que « le
problème avec la vérité, désormais, est qu’elle donne raison aux
conspirationnistes », et cette phrase n'a qu'une vocation
cosmétique, pour singer les nombreux écrits complotistes qui ne
cessent de le répéter depuis deux ans - rien de plus. Bien sûr on peut
critiquer le caractère routinier, paresseux intellectuellement et
parfois politiquement situé de l'anticomplotisme, mais il est
difficile de se foutre du monde à reprendre des faits déjà débunkés,
en prétendant que personne ne l'a fait. De vrais complotistes au moins
se seraient attelés à un de ces fastidieux debunking de debunking.
Les apories d'une lecture intellectualisante
Deuxième problème, c'est que rien ne fait
peuple dans un tel livre qui sent surtout l'illusion intellectualiste.
Aspect trop peu souligné, le complotisme incarne l'un des derniers
avatars d'un fantasme politique plus que merveilleux pour des
personnes habituées à écrire et à produire des textes militants :
l'idée qu'on mobilise par les textes et par les idées, où mine de rien
le « -isme » de complotisme s'avère rassurant et familier à
ce titre. Peu importe si ce genre de fantasme politique n'a plus rien
à voir avec une réalité sociologique surdocumentée, ou n'excite que
des marges militantes infinitésimales qu'on peut baptiser avant-gardes
pour se rassurer. Peu importe si le caractère textuel du complotisme
lui même, ce à quoi il est si souvent ramené, soit en fait assez
limité - il n'y a que quelques graphomanes qui écrivent, quelques uns
qui suivent, et autant de critiques du complotisme pour lire ce qui y
est écrit jour après jour. Le manifeste conspirationniste plonge dans
cette illusion avec délice, et prend sa manière de lire comme d'écrire
pour la norme - au point qu'on puisse justement douter de sa carrière
future dans les milieux complotistes.
A ce titre c'est une énormité de la part
des critiques d'avoir systématiquement relevé le court article
mentionnant le livre sur égalité et réconciliation – c'est
ignorer l'audience chancelante d'un Soral depuis des années, et le
fait qu'il soit dépassé depuis longtemps par d'autres acteurs. Au
contraire c'est l'absence de mention du livre sur nombre de pages
facebook de gilet jaunes ou sur France Soir qui devrait interpeller.
Sur ce point encore, on peut imaginer combien les auteurs du Manifeste
pourraient trouver une raison supplémentaire de s'amuser de leurs
ennemis anticonspis – et de leur connaissance finalement très relative
et datée des conspis qu'ils traquent. Seulement, la propre
connaissance des auteurs sur les conspis est aussi plus que relative,
et bien plus problématique pour des gens qui entendent s'en
rapprocher.
La carrière du livre, si elle n'est pas
impossible dans ces milieux interlopes, est donc incertaine et mal
partie. Car la question n'est à ce stade pas tant comment l'on écrit
le complotisme que les manières de le lire. Le manifeste l'a bien
compris au moins sur un aspect, en se présentant comme un objet
tweetable, mais pas sûr qu'il en prenne bien la mesure plus
globalement. Le tout-venant de cet univers est en effet tissé d'autres
pratiques que l'achat d'un livre du Seuil en librairie
indépendante : lecture en diagonale, au mieux, onglet ouvert mais
pas lu, copié collé tout azimut, passage des yeux sur un titre. Toutes
les petites bassesses de nos usages du numérique n'ayant pas besoin
d'être complotistes, y compris le narcissisme, y convergent avec
allégresse. Même si dans sa forme livresque, vendu en librairie, pas
gratuit, le Manifeste prend acte
d'une réalité parfois oubliée, à savoir que tout ne se joue
pas sur internet – on se transmet des informations et des fakes news
entre boomeurs par téléphone, tandis que Raoult squatte aussi les
rayonnages des librairies – il passe toutefois à côté du point
essentiel qu'est l'articulation, encore plus l'articulation permanente.
Les algorithmes n'expliquent pas tout mais rien ne se joue seulement
hors d'internet non plus : le livre publié en une fois ne
suffit pas dans un univers pareil, où le martèlement est la règle –
avec une prime à certaines pratiques : la
graphomanie-vidéomanie, la présence quotidienne, le quasi même livre
republié de 6 mois en 6 mois, le en ligne et hors ligne.
Le livre parie ainsi
sur sa propre force intérieure et textuelle - avec une assurance
énorme - pour déferler, poussé par la force du scandale, cependant
sans comprendre qu'il se positionne sur un créneau où d'autres acteurs
sont des professionnels de l'occupation d'espace, sans cesse en
action. S'il n'est déjà pas certain que le livre touche les personnes
visées une fois ouvert, il n'est en amont pas sûr que le livre les
atteigne. C'est une chose d'être critiqué par les vrais médias - autre
chose d'obtenir son ticket d'entrée avec un livre dans un milieu où
l'on ne lit vraiment que très peu en prétendant beaucoup le
faire ; autre chose de faire son trou dans un milieu déjà saturé,
même en cherchant à incarner une forme méta et clairement de gauche
singulière. Autrement dit, qu'on ne le lise pas aurait bien pu
profiter à la carrière d'un livre ultra-intello, si seulement on
arrivait au moins à le voir passer. Pas certain sur ce point que le
livre fasse mieux que les fausses théories venant d'anticonspis.
Plus
encore
au fond, l'erreur fondamentale est d'avoir pris au sérieux le
complotisme, d'adopter un angle et une forme intellectuelle pour des
idées par définition sans substance mais avec une gangue : le
contenu intellectuel des productions complotistes importe peu, à la
limite elles sont presque un piège en soi, une diversion, car c'est la
posture - énervée, intense, accusatoire -, c'est l'attrait et la mise
en scène permanente comme surjouée d'un ethos de la conversation
enflammée qui s'y déploie. Venir au complotisme c'est venir à
une communauté d'indignations partagées, souscrire avec bonheur à des
clichés sur la discussion politique avec effets de manche. On y cherche
la colère, l'agressivité, l'indignation, et derrière une forme d'espoir
fou et pur. Sous cet angle la fin du livre, tout entier consacré à une
étrange dimension "existentielle"
saisit
en
fait assez bien le phénomène, mais à moitié et trop tard. Ce moment
du manuscrit ayant tendance à reparler du et au lecteur ne rattrape
pas la promesse ratée du titre, ce baume promis aux complotistes, à
leur parler d'eux-mêmes sans les agresser, à leur expliquer qu'ils
ne sont pas
tant
que ça dans
l'erreur
(opération limitée à quelques pages vite expédiées). L'idée de
suivre le titre est secondaire par rapport à la tentation de prendre
au sérieux le canon complotiste, de la jouer oulipol,
et de suivre tête première le terme de « théorie » ;
en vouloir impérativement une à soi, pour faire plus vrai, plus
complotiste, plus intello subversif. Parce qu'au fond qu'est-ce
qu'il peut y avoir de plus scandaleux que d'écrire une théorie du
complot dans la décennie 2020?
L'avenir d'un canular
Le complotisme en France avait commencé
avec un livre, celui de Meyssan en 2002, il n'est pas impossible qu'il
connaisse son prochain point d'étape avec un autre : pas
celui-ci, mais celui qui suivra le Manifeste Conspirationniste,
avouant que le premier livre était un piège, prenant de court à la
fois les critiques, les suiveurs et les fans. Ce serait le premier
livre écrit pour être faux, écrit pour être dévoilé, qu'on aurait à ce
point pris au sérieux. A vrai dire, comme le livre est anonyme, il ne
serait pas difficile pour quiconque de prétendre en être l'auteur et
de faire ce coup à leur place si ce n'était pas le plan de
départ ; il est encore temps de sauver ce livre par ce biais,
plutôt que d'essayer de le lire.